De l'art de la tragédie
De l'art de la tragédie
Jean de La Taille
Préface, édition et notes par Christian Barataud


Date de parution : 2007
ISBN : 978-2-84830-050-4
ISSN : 1639-3872
14 x 20,5 cm
dos carré collé
76 pages

17 €


Le premier traité en français sur la tragédie paraît en 1572, année de la Saint-Barthélemy. Son auteur, Jean de La Taille, huguenot modéré, qui passera au travers du massacre, l’a conçu en fonction de sa première tragédie, Saül, dont il constitue le préambule théorique. Nourri de solides leçons plus que de gros corpus, cet opuscule, très condensé, dit déjà l’essentiel de ce qui nourrira le débat de la dramaturgie classique. Aristote lui-même n’avait-il pas été concis ? Ce faisant, il pose plus de questions qu’il ne donne de réponses : mais l’optimisme de La Taille, qui se veut disciple de Du Bellay, ne voit que des solutions, là où d’autres poseront des problèmes… Sans doute la foi n’est-elle pas étrangère à cet optimisme, et la tentative de donner un second souffle à la tragédie biblique, qui avait créé, avec l’Abraham sacrifiant de Théodore de Bèze, le théâtre français, devait donner des ailes à Jean de La Taille, qui tente ici une greffe de la quintessence du théâtre antique sur les sujets éternels, bons en eux-mêmes, que le Livre avait réservés pour cette époque. Une époque formidable, dans le sens premier du terme, une époque bonne pour la tragédie. On n’échappe pas à l’impression que le report sur les sujets bibliques est au fond un dérivatif, et que La Taille est au bord d’appeler de ses vœux un théâtre nourri de l’histoire, insaisissable dans son actualité, irreprésentable, mais dont la substance lourde du sang versé nourrit l’œuvre, peu importe au fond le sujet. La Taille, sans jamais avoir distinctement présenté à ses yeux la notion de catharsis aristotélicienne, ne laisse pas d’esquisser sur ce fond, très sombre, le « devis » d’un théâtre civilisateur, véritable instrument de polissage d’une cour qui se laisse happer par la violence et la grossièreté de la barbarie ambiante.