On ne lit plus guère Fontenelle. Il n’est pas certain que dans les lycées ou les universités on passe beaucoup de temps à commenter les Entretiens sur la pluralité des mondes ou l’Histoire des oracles. Que reste-t-il de lui ? Quelques bons mots, un air de galanterie un peu précieuse, un peu trop fade et trop mondaine, qui finalement l’éloigne de notre siècle au lieu de l’en rapprocher. Et pourtant… Cet homme qui n’a pas laissé d’œuvres littéraires bouleversantes ni de somme philosophique digne de Leibniz, son contemporain, ou de Descartes, son devancier, a tout dit sur les problèmes littéraires, les problèmes philosophiques, les problèmes scientifiques, qui se posaient en son siècle. Tout dit ? Cela ne signifie pas que tout est résolu, mais qu’enfin, dans des circonstances données, on peut parvenir à des vérités sages et persuasives, et que dans tous les domaines ces vérités se trouvent dans les livres qu’a signés ou qu’a refusé de signer (quand il s’agit d’opuscules clandestins et plus ou moins scandaleux) le discret Académicien, que Voltaire appelait « Gilles le philosophe ». Les spécialistes du grand homme, de sa pensée et de son style, se sont réunis une journée – c’est très court et forcément insuffisant – et ils ont conversé de la biographie de Fontenelle, de ses ouvrages galants et de ses méditations métaphysiques, de ses petites poésies et de ses mathématiques. Diversité, sagesse, silence, quand il le faut – voilà les grandes valeurs qui s’imposent et qui circulent à travers tous ces écrits apparemment séparés par tant de temps et tant de circonstances…