Que savons-nous de Flaubert et de ses conceptions esthétiques ? Tout ou rien ? Quelques stéréotypes faciles parcourent les ouvrages de référence, quelques livres de spécialistes proposent entre autres analyses une présentation de la poétique flaubertienne. Toujours ou presque, nous partons de l’étude d’un roman ou d’un autre, toujours ou presque nous abordons un aspect ou un autre, seulement.
Avec cette nouvelle étude consacrée à Flaubert et son art, nous avons cherché à innover et pour ce faire considéré la correspondance comme la pierre angulaire de l’édifice esthétique flaubertien. C’est là, dans ses lettres presque quotidiennes, que Flaubert réfléchit à ses conceptions littéraires et artistiques, les bâtit dans la fulgurance de l’idée inattendue ou au contraire la longue recherche de lectures multiples. D’une confidence à l’autre, d’une lecture à l’autre, d’un conseil ou d’une correction à l’autre, avec le temps, en se donnant le temps, Flaubert construit sa propre esthétique que le roman, ensuite, viendra illustrer en la respectant. L’œuvre romanesque est le fruit de ces recherches parfois philosophiques sur l’art, de ces idées souvent contradictoires sur la littérature que la correspondance porte en son sein. Cette correspondance vaut, au-delà des renseignements à caractère personnel ou historique, par ce témoignage au jour le jour des opinions nouvelles ou des avis qui s’enracinent. La correspondance devient notre dernière trace d’un Flaubert artiste vivant.