La postérité de Victor Hugo semble se bâtir aujourd’hui davantage sur ses grandes fresques romanesques que sont Les Misérables ou Notre Dame de Paris et peut-être réduit-on ainsi le prolixe écrivain à une dimension dans laquelle l’étendue de son talent ne se dit pas. Victor Hugo, c’est aussi l’engagement littéraire et le souci des combats les plus justes et les plus durs, au nom de la liberté de création et du romantisme, au nom du respect de l’être humain et d’une justice délivrée de la loi du Talion, au nom d’une politique gouvernementale digne, sans Napoléon III. Dans l’œuvre de Victor Hugo, et dans la littérature française en général, les Châtiments occupent une place de choix parce qu’ils constituent un recueil poétique original dans lequel le souci de la lutte rivalise en permanence avec le soin de la création artistique. A la fois textes politiques et littéraires, idéologiques et sentimentaux, les poèmes de ce recueil mobilisent chez le lecteur toute la gamme des émotions, depuis le cri de révolte jusqu’aux larmes de la compassion, depuis le désespoir initial jusqu’à l’espoir final. C’est en observant le contexte, l’écriture et la politique de cette œuvre, prismes d’étude tous pluriels tellement le recueil s’exprime dans une richesse esthétique trop souvent négligée, que l’auteur a voulu avec ce nouvel ouvrage rendre hommage à un texte dont l’intérêt n’est jamais remis en cause, pas plus que l’actualité.