Grande comédie « rosse » de mœurs et de caractères, Le Foyer n’a été représenté à la Comédie-Française qu’au terme d’une longue bataille qui a suscité un énorme scandale et a divisé la France en deux camps. Mirbeau y instruit le procès de la charité-business et de l’exploitation économique et sexuelle des enfants et y stigmatise la collusion entre politiciens et affairistes. Comme dans Les affaires sont les affaires, il est parvenu à un équilibre rare entre la distanciation et l’émotion, la caricature et la vérité humaine, la critique sociale et le refus du manichéisme, le classicisme et la modernité. Il y bafoue allègrement les hypocrites « bienséances » et met sur pied des types fortement individualisés, à la fois humains et théâtraux, que l’on peut détester en tant qu’incarnations des turpitudes sociales, mais que l’on peut également plaindre en tant qu’individus accessibles à la souffrance.