Ce n’est pas une histoire littéraire continue qui est ici offerte aux lecteurs. C’est un ensemble d’articles, que les hasards d’une longue carrière ont vu naître – interventions dans des colloques ou des recueils collectifs, mises au point polémiques, préfaces ou répliques.
Le grand dix-septiémiste qu’est Alain Niderst ne s’est d’ailleurs pas borné à la seule littérature. L’histoire des idées, l’histoire de l’art, la philosophie, sont également convoquées dans cet ouvrage.
Si le titre peut en paraître ambitieux – De Rabelais à Sartre –, c’est que l’auteur nous entraîne, au fil des pages, de la Renaissance à notre époque, s’attardant surtout sur les XVIIe et XVIIIe siècles, qu’il a, comme on le sait, le plus étudiés.
À travers ces hasards et ces rencontres, A. Niderst revient, de manière récurrente, toujours sur les mêmes problèmes et ne pratique au fond qu’une seule méthode. Il s’est voulu d’abord historien. Il s’est persuadé que l’histoire de la pensée ne pouvait être séparée de l’histoire événementielle ni de l’histoire sociale. Dans sa discontinuité apparente, son ouvrage offre donc la matière et les prémices d’une réflexion sur la création intellectuelle, et tout ce que les œuvres doivent au monde où elles naissent. Ainsi peut-on parvenir à mieux les comprendre, au moins à saisir ce que les auteurs ont voulu, ce que les contemporains ont cherché et trouvé.
Chacun des quatre volumes porte en couverture les noms des plus illustres écrivains abordés. Ils ne sont pas les seuls. D’autres les côtoient, moins connus du profane, mais tout aussi emblématiques d’une sensibilité ou d’une époque. Et quand il ne s’agit pas d’auteurs à proprement parler, c’est d’un thème ou d’une problématique dont A. Niderst s’empare ; où l’on voit alors ce dernier mêler à la plus savante des éruditions la hauteur de vue d’un critique.