Écrites à des époques différentes, les études ici rassemblées proposent dans leur diversité une exploration de l’ethos stendhalien à l’aube de la modernité. Réparties selon trois ensembles – société et singularité, le plaisir d’exister, un anarchiste libéral –, elles retracent le parcours de Beyle à la conquête de Stendhal et contribuent à une anthropologie romantique, aussi bien dans le domaine de la politique que dans ceux de l’esthétique et du roman. Aussi retrouvera-t-on quelques-unes des constantes préoccupations de Stendhal, qui a l’habitude de brouiller les repères, notamment dans son rapport au monde, qu’il s’agisse de l’identité de la France et de l’Europe, ou de son souci de la forme apte à saisir la singularité du réel jusque dans le détail. Réputé anti-social et a-social, mais aussi nationaliste et patriote, ce jacobin européen est un cosmopolite doublé d’un ardent défenseur des différences nationales. La matière nationale devient une réalité littéraire pour l’écrivain quand il réfléchit au pouvoir de l’illusion, c’est-à-dire à la création de l’émotion esthétique : séparer le vrai du faux ne va pas sans une connaissance du monde passionnel qui donne au roman sa dimension morale, ni sans une lutte soutenue contre « la grande coalition des réducteurs de la littérature ».