« La concupiscence et les questions qui s’y rattachent sont des lieux communs de la prédication chrétienne. Ces idées étaient naturellement familières à Bossuet, qui les a touchées à différentes reprises durant sa carrière oratoire. Mais les points qu’en chaire il n’a fait le plus souvent qu’effleurer sont repris ici et développés plus largement, présentés dans un ensemble lumineux et augmentés de considérations et de réflexions nouvelles. Il s’inspire non seulement de saint Augustin, dont ilest tout pénétré et dont les idées s’offrent d’elles-mêmes à sa mémoire, mais aussi de ses observations et de ses réflexions personnelles. Il descend jusqu’au fond du cœur humain pour y trouver la racine de nos inclinations mauvaises et la source de nos fautes. Avec une rigueur impitoyable, il dissipe nos illusions et sacrifie tout ce qui fait notre orgueil ; il n’épargne même pas les satisfactions les plus innocentes où le commun des hommes cherche l’oubli et la consolation des misères de la vie. Mais sa sévérité est sans amertume et toute pénétrée d’onction et de pitié secourable.
Sa langue est savoureuse et forte, relevée parfois d’une pointe de réalisme. Son style prend successivement tous les tons : analyses minutieuses, raisonnements rigoureux, apostrophes véhémentes, tendres exhortations, adjurations pressantes, comparaisons saisissantes, vif sentiment des beautés de la nature, en un mot tout concourt à faire de cet écrit un chef-d’œuvre unique en son genre. »
(Charles Urbain et Eugène Lévesque)