La Nouvelle francophone
La Nouvelle francophone
Marginalités, identités, singularités. Actes du colloque de Limoges 13 mai 2014

Textes réunis et présentés par Thierry Ozwald
avec la collaboration de Thomas Bauer


Date de parution : 2015
ISBN : 978-2-84830-196-9
14 x 20,5 cm
dos carré collé
XXX-196 pages

48 €


Essayer d’évaluer l’importance et la fonction de la nouvelle dans les pays francophones, en proposer un petit historique, identifier des courants, des pionniers, des maîtres du genre, etc., peut paraître une gageure, dans la mesure où l’on a affaire à des littératures non constituées, à tout le moins en gestation, parallèles, sporadiques, souvent fort dissemblables. Comment trouver un dénominateur commun à la production de nouvelles pour toute la francophonie ? Et surtout comment, dans ces conditions, dégager une spécificité de la nouvelle, alors que le roman occupe toute la place et qu’il est le principal vecteur de la « revendication » francophone, le meilleur moyen d’accès à la littérarité ?
C’est probablement prendre le problème à l’envers et c’est ignorer, de fait, la spécificité de la nouvelle, son inscription profonde dans le processus de la création romanesque quelle qu’elle soit. Rien n’est plus apte en effet à véhiculer le message des peuples ou de groupes minoritaires, souvent marginalisés, à traduire leurs aspirations, à exprimer leur situation d’instabilité, que la nouvelle, forme par excellence vouée aux marges et structurellement infra-littéraire (ce qui ne signifie pas qu’elle relève pour autant de la sous-littérature). La francophonie – tout au moins l’examen de la littérature francophone – pose le problème des lisières, des franges d’un ensemble formant un tout indivisible : comment être d’ici et d’ailleurs ? Quel statut pour ce qui n’appartient pas vraiment au tout mais ne procède plus vraiment non plus de l’étrangeté absolue ? La nouvelle, foisonnante comme on peut le voir, rend compte à cet égard de façon privilégiée de cette double postulation contradictoire : elle dit l’intermédiaire, le possible, le manqué, le virtuel ; elle constitue l’espace le plus propice à toute tentative d’assimilation.