Les Confessions datent de la maturité de Duclos – il a trente-sept ans en 1741 –, de ce que Paul Meister appelle la « période des créations littéraires » (1740-1751) où Duclos, après une jeunesse agitée qui lui a permis d'enrichir son expérience dans les cafés à la mode, dans les milieux littéraires et parmi les gens de qualité, s'essaie d'abord dans le roman, puis se consacre à des travaux sur les mœurs et l'histoire. Les Confessions furent son deuxième roman, après l'Histoire de Mme de Luz (décembre 1740) et avant Acajou et Zirphile (1744), le mieux accueilli et peut-être le plus important.
Qu'est Duclos à ce moment de sa vie? Un mondain qui a son franc-parler, un honnête homme au sens plein du terme, un académicien en passe de devenir un personnage officiel, puisque le futur secrétaire perpétuel de l'Académie française et historiographe de France est déjà membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 1739 ; un homme qui sera vite l'auteur à la mode et une autorité très écoutée, un homme de lettres qui a beaucoup fait pour la considération des gens de lettres.
Pourquoi a-t-il écrit des romans, sans avoir une véritable vocation de romancier ? (mais c'est rarement par vocation qu'on écrit des romans à l'époque). Parce que Mme de Tencin l'y a poussé, dit la petite histoire ; parce que, pressé de parvenir à la notoriété, il cherche tous les moyens de plaire. Dans les Confessions en particulier, il offre aux gens de son temps une image où ils peuvent se reconnaître avec un plaisir qui assure le succès du livre.