Cette étude propose une lecture de l’œuvre écrite et graphique de Tristan Corbière (1845-1875), le poète des Amours jaunes – édités à Paris en 1873 – et l’auteur oublié de nombreuses caricatures. Rompant avec ce qui a longtemps été le champ de la critique corbiérienne et universitaire – « l’homme et l’œuvre » – et avec les catégories trop thématiques attribuant à Tristan cette étiquette banale de « poète de la mer, de l’amour et de la mort », elle s’intéresse davantage aux modes d’expression de cet imaginaire, en considérant l’image non plus comme un sujet ou simple apparence sensible, mais comme relation. Dans l’interstice qui existe entre l’artiste et sa création d’une part, le texte lisible et le texte lu d’autre part, elle découvre en Corbière un caricaturiste et un blasphémateur esthétique, un artifex ludens, jouant souvent en désespéré et un poète-acteur errant dans la coulisse d’un théâtre en faillite : trois traits dégagés de la microlecture de poèmes analysés non de façon linéaire et suivie mais d’une manière composée et comparative, s’attachant à montrer comment Corbière œuvra au renouvellement d’une poésie qui fit sucéder « l’amertume du cœur » à « l’exubérance du cœur » des Romantiques.