Chez Maeterlinck, l’intérêt pour l’ésotérisme n’est pas l’effet d’une mode, ni d’une attirance passagère. La force de son penchant pour les res occultae est ancrée dans la personnalité de l’homme ; elle conditionne l’orientation de son écriture. La plus grande partie de son théâtre, de même que ses essais, du Grand Secret à L’Autre Monde ou leCadran stellaire, sont les documents du questionnement de l’écrivain qui sait l’impossibilité pour la condition humaine de vaincre son ignorance métaphysique, en restant cependant convaincu de son besoin, irrépressible de mystère. Maeterlinck n’a cessé de tenter d’approcher ce « grand secret » en remontant aux sources de toutes les grandes traditions spirituelles de l’ésotérisme.
Cette recherche de la pensée occulte sous-tend l’œuvre entière de Maeterlinck. Sans elle, l’image que l’on peut se faire du dramaturge et du penseur, reste incomplète. Une chose est sûre : l’histoire de l’ésotérisme doit désormais compter Maeterlinck parmi ses adeptes ; et ce, bien au-delà de ses relations avec le Symbolisme, même si la part occulte en est une composante essentielle.
La cohérence de l’œuvre maeterlinckienne se trouve là.
Le second volume contient un récit, Onirologie (1889), et quatre pièces de théâtre. Si ces pièces de Maeterlinck figurent parmi celles qui ont eu un succès moindre, elles demeurent précieuses dans notre perspective, qui complète le portrait intellectuel de l'écrivain. Ce sont : Joyzelle (1935), une pièce à thèse où Maeterlinck a mis en scène « l'idéalisme magique » de Novalis ; La Princesse Isabelle (1935), drame de la subconscience et de la perte d'identité, notions éminemment actuelles transposées dans l'atmosphère d'une légende médiévale ; Le Miracle des mères (1944), publié dans Le Soir en 1947, drame dans lequel est posée la question de la communication spirite avec les morts ; enfin LesFiançailles (1922), pièce de théâtre conçue comme la suite de L'Oiseau bleu, nourrie des composantes fondamentales de la pensée ésotérique de l'Inde et de l'Egypte, véritable document de la fascination de Maeterlinck pour les doctrines de l'Orient.