« Le Dernier Stendhal. 1837-1842 », tel était le thème du colloque en Sorbonne (3-4 décembre 1999) au cours duquel ces années, marquées par un intense labeur littéraire, ont été reconsidérées. Sous le double signe de la fécondité et du désenchantement, l’univers stendhalien donne parfois l’impression de sombrer dans le prosaïque – le Touriste vit une « époque de transition » –, le sordide et le trivial. A cela s’ajoutent les essais infructueux et les romans échoués qui inspirent au lecteur l’idée d’un Stendhal qui ne parvient plus à être Stendhal. Mais cet inachèvement implique aussi une recherche, de nouvelles expérimentations, des dissonances : entre autres, le picaresque, déjà abordé avec le Ménuel du Lucien Leuwen ou le Filippo du Juif, connaît une amplification décisive ; la poétique du ridicule est renouvelée par la grâce des héroïnes naturelles, même chez la subversive et grotesque Lamiel dont l’impudeur extrême frôle l’extrême pudeur. Il y a aussi le critique et l’esthéticien aux prises avec sa « difficulté de sentir » et, enfin, le « diabolique » Stendhal séduisant Barbey d’Aurevilly qui s’interroge sur la destinée littéraire. C’est à la recherche du dernier Stendhal ou, plutôt, d’un Stendhal autre qu’invitent les nombreuses interventions consacrées à une esthétique en question, aux problèmes du roman, aux rapports du picaresque et du comique, de l’Histoire et de la biographie, aussi bien qu’aux ultimes manuscrits.