Les années 1640 à 1660 voient l'épanouissement de la comédie en France. Le genre, qui n'existait pratiquement plus avant 1629, apparaît avec les premières pièces de Rotrou et de P. Corneille, et le nombre de comédies croît rapidement. Mais la plupart de ces œuvres se dégagent bien mal encore de la pastorale ou de la tragi-comédie, et les réussites sont isolées.
A partir de 1640, au contraire, d'Ouville, P. Corneille, Scarron font jouer des comédies dont beaucoup resteront longtemps au répertoire. En dépit de la Fronde, funeste aux autres genres dramatiques, la production comique survit plutôt bien. D'autres auteurs, Boisrobert, Th. Corneille, Quinault, Molière, viennent relayer les premiers. Au total, c'est plus de quatre-vingts œuvres qui sont jouées ou imprimées durant ces vingt ans.
La comédie de cette époque a, d'autre part, des caractères qui lui sont propres et qu'on ne retrouvera plus après 1660.
Elle est marquée, d'abord, par l'influence de la comedia espagnole. Plus de la moitié des comédies de cette période s'inspirent des auteurs d'outre-monts (Lope de Vega, Tirso de Molina, Calderon, Solorzano, Rojas...). A l'imitation de la comedia espagnole, comme du reste de la commedia italienne, la comédie française de cette période sera une comédie d'intrigue où l'auteur cherche davantage les situations romanesques et les retournements imprévus que la vérité dans la peinture des caractères et des mœurs. Certes, cette comédie d'intrigue survivra après 1660, mais elle cédera de plus en plus la place à la comédie de mœurs ou de caractère.
La comédie des années 1640-1660 se distingue également par le goût qu'ont montré ses principaux représentants pour le jeu verbal et l'exploitation comique de toutes les ressources du langage : toutes les formes de jeu avec les mots se rencontrent dans les œuvres de cette époque.
L'auteur s'est attaché, d'une part, à retrouver à travers les œuvres la permanence d'un petit nombre de thèmes et de situations, ressorts communs à toutes les intrigues, d'autre part à passer en revue les personnages, des masques traditionnels hérités de la comédie italienne aux caractères conventionnels, et aux types sociaux, qui manifestent déjà quelque goût pour la représentation des mœurs contemporaines. Enfin l'auteur fait l'inventaire des multiples procédés d'un style qui, par les effets de contraste, la fantaisie verbale, l'esprit ou la verve de l'auteur, a su provoquer le rire des spectateurs du temps et aussi souvent le nôtre.