« Après les guerres civiles et sous les règnes réparateurs de Henri IV et de Louis XIII, les Français se laissèrent reprendre à leur goût traditionnel pour les spectacles. Acrobates, montreurs d’ours, baladins de toutes sortes, acteurs tragiques ou comiques trouvèrent un public empressé à chercher auprès d’eux du plaisir et des émotions de nature diverse. [...] Cette sorte de résurrection profita surtout à l’art dramatique. » Pourtant « le zèle des adversaires du théâtre ne se refroduit pas plus que l’ardeur du public à courir à son divertissement favori. Ce fut bien autre chose encore lorsque Louis XIV, porté aux plaisirs et à l’amour, ajouta à la magnificence des spectacles et donna aux comédiens des marques d’une étonnante faveur, et que, d’autre part, la scène, déjà illustrée par les chefs-d’œuvre de Corneille, put en outre se glorifier des succès de Molière et de Racine. Des deux côtés, la question de la moralité du théâtre fut débattue avec insistance. » (Ch. Urbain et E. Levesque.) La publication (1694), en tête des comédies de Boursault, d’une « Lettre d’un théologien illustre par sa qualité et par son mérite, consulté par l’auteur pour savoir si la comédie peut être permise ou doit être absolument défendue » – écrit anonyme derrière lequel on soupçonna rapidement, non sans raison, la plume du Père Caffaro, religieux italien de la congrégation des théatins –, ralluma la querelle sur la moralité du théâtre. Elle est à l’origine des Maximes et Réflexions sur la Comédie de l’évêque de Meaux.